Nous sommes de l'espèce des bâtisseurs. D'autres animaux créent bien sûr des colonies, des tanières et des nids des plus impressionnants, mais aucune autre espèce que la nôtre n'adapte son environnement pour qu'il réponde à ses besoins spécifiques. Partout où ils se sont installés, les êtres humains ont érigé des toits, des murs et des monuments pour marquer leur place dans l'espace et dans le temps.

Le bâtisseur crée à lui seul quelque chose de réel, de tangible et de permanent. C'est pourquoi les constructeurs ont toujours occupé une place de choix au sein de notre société. C'est grâce à eux, après tout, que nous acquérons une certaine forme de permanence.

L'un des rares visages que nous connaissons de l'Égypte ancienne n'est pas celui d'un pharaon, d'un prince ni même d'un général. C'est celui d'un constructeur. L'histoire se souvient d'Imhotep parce qu'il a laissé derrière lui des monuments, reflets de son ère. Il a inventé la pyramide. Pensez-y. Les noms des plus grands rois d'Égypte nous échappent, mais les pyramides sont toujours là.

Chaque pays, chaque ville et chaque civilisation a son chef-d'œuvre. À Ottawa, ce sont les édifices du Parlement; à Toronto, la tour du CN; à Paris, la tour Eiffel. Toutes les villes ont des beffrois, des mairies, des églises ou des écoles qui témoignent de leurs bâtisseurs. Ces points d'intérêt font partie intégrante de la culture de la ville où ils sont situés. Ce sont aussi des repères - «à deux coins de rue de l'aréna» -, car ces structures définissent leur propre espace particulier.

Il n'est pas étonnant que la construction soit un reflet de la santé économique. Lorsque l'économie se porte bien, nous bâtissons. Dès que les temps sont durs, nous cessons de construire. Nous construisons pour le futur et, si l'avenir semble prometteur, nous bâtissons un peu plus. En fait, l'industrie canadienne de la construction s'est développée rapidement vers la fin des années 1980, alors que le pays sortait peu à peu de la récession.

La situation a ensuite tourné au vinaigre. Le dollar canadien a commencé à chuter, une certaine insécurité politique s'est installée, et, entre 1991 et 1993, les activités de l'industrie de la construction ont diminué de 18 %. Cette diminution a été suivie d'une nouvelle remontée à la fin des années 1990, période teintée d'un grand optimisme quant à l'avenir du Canada.

Il est toutefois important de noter que, malgré le ralentissement de l'industrie de la construction au début des années 1990, le nombre total de personnes employées dans ce secteur a continué d'augmenter de plus de 26 % entre 1984 et 1997. En dépit des soubresauts de l'économie, nous avons toujours besoin de constructeurs et, puisque notre population ne cesse d'augmenter, la demande dans ce domaine sera de plus en plus forte.

À une certaine époque, un génie tel qu'Imhotep aurait pu se charger de l'ensemble du processus à l'exception, peut-être, du travail physique que supposait le transport des blocs de calcaire et du mortier. De nos jours, l'industrie de la construction doit se conformer aux restrictions en matière d'urbanisme, aux règlements de zonage et à la réglementation de l'environnement. Bâtir des maisons, des édifices commerciaux et des monuments est un processus beaucoup plus compliqué qu'auparavant.

Quiconque a déjà tenté de construire une cabane à oiseaux à partir de rien peut apprécier l'extraordinaire combinaison du travail ardu et des compétences nécessaires pour mener à bien un projet de construction. Un bâtiment, avec sa structure de base, ses systèmes électrique et d'aération, son emplacement, voire son architecture, est une entreprise extrêmement complexe. La construction suppose une équipe composée d'architectes, d'ingénieurs, de travailleurs manuels et, encore plus important, de techniciens et de technologues.

On trouve des techniciens et des technologues tout au long du processus, depuis les employés municipaux chargés des questions de zonage jusqu'aux arpenteurs et aux experts responsables d'évaluer les effets sur l'environnement. Un bâtiment a besoin de câbles et d'un système de ventilation, et l'intégrité de sa structure doit être constamment surveillée. L'équipement - beaucoup plus compliqué qu'à l'ère des pyramides - doit être entretenu et manœuvré.

Les constructeurs, confrontés à tous ces petits détails et à ces tâches d'envergure, font toutefois des choses qu'aucun autre ne peut accomplir. Ils transforment notre paysage et érigent des monuments en témoignage du génie propre à l'espèce humaine.