Introduction Plastique, chimie, biosciences, génie génétique, pharmaceutique, métallurgie, nanotechnologie…

Nous avons réalisé de grands progrès en recherche et développement depuis les laboratoires primitifs du début du XXe siècle, où des pionnières comme Marie Curie ont découvert le radium. Cette dernière a ainsi contribué au développement des connaissances humaines, à la création de la machine à rayons X et à la réalisation des premiers traitements du cancer par radiothérapie. Par une ironie du sort, ses découvertes ont été responsables de sa mort à un âge précoce, vu le peu que nous savions sur la radiation à l'époque.

Au tournant du XXIe siècle, nous dépendons plus que jamais de la science, des articles quotidiens les plus banals jusqu'aux innovations les plus extraordinaires. Les Canadiennes et les Canadiens jouissent d'un niveau de vie parmi les plus élevés au monde, en partie grâce au travail acharné des chercheurs du pays. En effet, nos laboratoires font les manchettes depuis des décennies : l'insuline a été découverte par une équipe de recherche canadienne et six Canadiens ont remporté des prix Nobel en chimie et en médecine, dont quatre au cours des 20 dernières années.

Ce n'est pas tout. Chaque fois que vous prenez un décongestionnant ou une pilule contre le mal de tête, vous manipulez le résultat du travail de scientifiques, de chercheurs, de techniciens et de technologues. Ces travailleurs sont à l'origine de toutes sortes d'innovations, telles que les vêtements hydrofuges, le gaz à faible taux d'émission ou les boissons gazeuses hypocaloriques.

Le fruit du travail en laboratoire influence d'abord et avant tout notre vie quotidienne. Le fait de vivre à une époque où des idées se traduisent régulièrement en réalités et où de simples formules se transforment en produits constitue l'une des raisons de notre bonne qualité de vie. Dans ce monde axé sur les sciences, le laboratoire constitue une étape dans le processus de production et, à mesure que cette production croît, les laboratoires emboîtent le pas.

Par exemple, le plastique est un des résultats tangibles du travail de recherche. Il sert à une multitude d'applications, depuis le matériel d'emballage des aliments jusqu'aux valvules cardiaques artificielles. Nous «baignons» dans le plastique au Canada, où l'industrie de la plasturgie a crû de 1,89 milliards de dollars en 1984 pour atteindre 3,5 milliards de dollars en 1997. L'industrie chimique est aussi un puissant joueur économique et sa production est très diversifiée : pesticides, détergents liquides, adhésifs appliqués au dos des Notocollantsmd et produits adhésifs utilisés pour fixer les ailes d'avions gros porteur au fuselage, etc. Si l'utilisation généralisée de produits chimiques demeure controversée, il reste que l'invention d'articles de base, tels que les détergents à lessive et les fluides frigorigènes, a transformé notre société de façon radicale et permanente.

D'autres industries très axées sur la recherche ont également progressé de façon phénoménale. Depuis l'adoption de la loi canadienne sur les médicaments brevetés en 1992, les industries pharmaceutique et biotechnologique connaissent une croissance illimitée. Une étape majeure a également été franchie lorsque les généticiens écossais ont réussi le premier clonage d'un mouton : plus rien ne semble pouvoir arrêter l'avancée de la science. Depuis, le clonage et le génie génétique sont devenus l'objet de politiques gouvernementales très controversées et le sujet de nombreux débats sociaux acharnés. Les chercheurs découvrent constamment de meilleures méthodes pour traiter les maladies et améliorer nos conditions de vie. L'Association canadienne de l'industrie du médicament évalue que cette dernière consacrera plus de trois milliards de dollars annuellement à la recherche d'ici 2000, comparativement à 620 millions de dollars en 1996. De telles recherches nécessiteront toutefois une main-d'œuvre compétente. Les entreprises chimiques, pharmaceutiques et biotechnologiques se bousculent pour trouver des travailleurs qualifiés. Le nombre d'emplois dans le secteur pharmaceutique à lui seul a augmenté de 23 % entre 1988 et 1996, mais même une telle progression ne suffit pas aux besoins actuels de l'industrie.

En effet, les industries canadiennes qui gravitent autour de la recherche sont confrontées à une grave pénurie de main-d'œuvre. Leur croissance, la multiplication de leurs travaux et de leurs découvertes sont telles qu'il n'y a plus assez de travailleurs pour occuper tous les postes à combler. Quelque 224 entreprises de biotechnologie ont employé 11 000 travailleurs canadiens en 1996. Selon un sondage mené la même année, ces compagnies devaient créer 4000 postes dans les domaines des sciences, des techniques, de la gestion et du marketing d'ici l'an 2000.

Cette tendance devrait se maintenir bien au-delà du tournant du siècle. Les spécialistes s'entendent pour affirmer que le Canada sera le chef de file mondial en biotechnologie du nouveau millénaire. C'est déjà commencé : moutons clonés, chèvres transgéniques, médicaments qui peuvent contrôler et peut-être même enrayer les pires épidémies qui ont vu le jour au XXe siècle. Ces découvertes mèneront à des innovations qui auront le potentiel de révéler les secrets de la vie elle-même. Les techniciens et les technologues travaillant en laboratoire se trouveront au premier plan des innovations biotechnologiques, pharmaceutiques et chimiques qui définiront le XXIe siècle. Contrairement au cliché répandu du scientifique fou affairé à préparer secrètement des potions, le laboratoire sera le milieu de travail du prochain siècle. C'est là aussi que résident les carrières de l'avenir.