L'histoire de la vie maritime est intimement liée à l'histoire de la production de cartes. Sans l'aide de cartes précises pour les guider, les marins ne survivraient jamais aux périls de l'océan Atlantique. Le travail de John Cunningham s'inscrit dans une riche tradition. Bien qu'il utilise la technologie moderne pour tracer les caractéristiques des océans du Canada atlantique, l'héritage du producteur de cartes nautiques est imprégné d'une tradition quasiment aussi vieille que la mer elle-même.


«En termes très généraux, nous mesurons la profondeur de l’eau», dit John. Évidemment, tracer la carte d’un océan demeure une opération beaucoup plus complexe.

John, qui a 40 ans, travaille pour le Service hydrographique du Canada (SHC), dont les bureaux sont situés à l’Institut océanographique de Bedford, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Il passe deux mois par année (habituellement mai et juin) à bord du NGCC Matthew, un navire de 50 mètres de la Garde côtière canadienne, pour recueillir des données et consacre le reste de l’année à traiter, à épurer et à archiver ces dernières. Le SHC utilise ces données pour produire des cartes maritimes que tout navire mesurant au-delà d’une certaine taille doit avoir à bord lorsqu’il navigue en eaux canadiennes.

John et son équipe de six hydrographes couvrent tout le territoire du Canada atlantique et du Labrador. En mer, quatre membres de l’équipe mènent des opérations de sondage à bord du Matthew, alors que les deux autres travaillent depuis une chaloupe en fibre de verre mesurant 10 mètres de long.

L’arrivée des échosondeurs à faisceaux multiples vers la fin des années 1980 a permis aux hydrographes de tracer un portrait beaucoup plus détaillé du plancher océanique qu’il n’était possible de le faire auparavant. Il leur arrive parfois de retourner dans des zones dont les cartes ont déjà été tracées afin de recueillir des données plus complètes.

Ils trouvent souvent des imprécisions dans les cartes existantes, qui mettent la vie des marins en péril. «Certaines zones sont souvent beaucoup moins profondes que les cartes l’indiquent et nous devons, dans de tels cas, en informer le public le plus rapidement possible», explique John.

Bien qu’il ait le mal de mer, John avoue que les deux mois par année qu’il passe sur l’eau constituent de loin l’aspect le plus intéressant de son travail. «Nous nous retrouvons toujours dans des endroits isolés du pays où la civilisation se fait rare. J’ai l’impression de vivre la vie de pionnier. Les vols d’hélicoptère sont plutôt chouettes aussi.»