Lorsque Tim Claydon sent la terre trembler, il se met à la tâche au Centre géoscientifique du Pacifique. Tim conçoit et fabrique des dispositifs qui, fixés aux capteurs de tremblements de terre, convertissent les données de manière à les transmettre au Centre par radio à partir d'un lieu éloigné.


Des tremblements de terre secouent la Colombie-Britannique près de cinq fois par jour. De nombreuses secousses importantes se produisent dans des régions inhabitées où personne ne peut les sentir. Des tremblements de moindre importance peuvent être perçus dans des zones où la population est plus dense. La terre bouge sans cesse, et ce mouvement est continuellement enregistré au moyen des instruments surveillés par le Centre géoscientifique du Pacifique, situé non loin de Victoria.

Des capteurs de tremblements de terre, appelés des sismomètres, sont installés à des endroits isolés le long de la côte. Ils peuvent détecter les séismes ayant lieu tout près ou à différents points de la planète. Ces capteurs reçoivent les signaux des satellites du système GPS (Global Positioning Satellites) et sont si sensibles qu’ils captent les vibrations produites par le passage de camions sur l’autoroute, à un kilomètre de là. Ce type de mouvements est cependant reconnu, filtré et éliminé électroniquement au moment de l’analyse. Chaque sismomètre est relié à un numérisateur de données géophysiques, un appareil qui convertit les vibrations enregistrées en un signal radio transmis au Centre géoscientifique du Pacifique.

Tim et d’autres sismologues y analysent alors ces données. Ils ne peuvent prédire les tremblements de terre, mais ils se fondent sur des théories et peuvent évaluer les probabilités d’un futur gros séisme sur la côte ouest.

«Les tremblements de terre sont généralement très intéressants, affirme Tim. Notre réaction est plutôt du genre "Oh! Jetons vite un coup d’œil aux données!"» La plupart des gens s’inquiètent lorsqu’ils sentent le sol bouger, mais Tim déborde d’enthousiasme. Après tout, bien peu de tremblements de terre causent des dommages ou des blessures en Colombie-Britannique. Il y a tant à apprendre de chaque secousse : ce qui s’est passé, le pourquoi et les effets sur la région. Les téléphones du Centre se mettent à sonner dès que se produit une vibration suffisamment importante ou assez proche pour qu’on la remarque. Les collègues de Tim renseignent les personnes inquiètes ou curieuses; ils leur disent où était situé l’épicentre, quelle était l’amplitude et s’il y a des risques de répliques sismiques. Une fois le calme revenu, ils analysent les données reçues des divers sites.

Pendant l’hiver, Tim analyse des données et fabrique des numérisateurs à partir d’éléments recyclés. Un ingénieur ébauche le plan de base, et Tim le raffine; il conçoit à l’ordinateur la plaquette de circuits et assemble les composantes électroniques individuelles qui composeront le prototype. Lorsqu’il dispose d’un prototype fonctionnel, il donne le contrat d’assemblage du nombre requis d’instruments à une entreprise locale spécialisée en électronique. Tim essaie chacun des instruments livrés. Un numérisateur de données tient dans une boîte étanche d’environ 75 centimètres carrés.

Tim charge des compagnies de télécommunication locales de préparer les nouveaux sites conformément à ses plans : coulage du béton pour les chambres de sismomètres, mise en place des pylônes d’antennes et installation du matériel de télécommunication de base. Tim passe alors une journée sur chaque nouveau site pour y installer le matériel plus délicat.

Il ajoute ce lieu à la liste des trente sites qu’il doit visiter et inspecter chaque été sur l’île de Vancouver, sur les îles de la Reine-Charlotte et dans les basses terres. La neige, la glace et la foudre endommagent parfois les antennes et les panneaux solaires. L’inspection de nombreux sites peut supposer des déplacements d’une semaine; Tim va sur place au volant d’une camionnette à quatre roues motrices ou loue un hélicoptère pour atteindre les pics montagneux éloignés. Mais la plupart du temps, il se fraie un chemin à travers les buissons sur un kilomètre et plus, muni d’un téléphone cellulaire ou d’un émetteur-récepteur.